Arlington Avenue - Appartement de Harvey Dent & Laura Osterman, Palier 4 appartement 49

L'attentat de la mairie

Arlington Avenue n'est pas à proprement parler un ghetto, ni un quartier huppé. c'est un lieu tout à fait banal, où les immeubles respirent le vieux refait et la sécurité moins relative qu'ailleurs. C'est pour cela qu'Harvey Dent a refusé de déménager pour un appartement plus grand. Il a vécu ici pendant des années, s'y installant d'un commun accord avec sa compagne. Ce n'était pas un bunker bourgeois, et les dealers n'y faisaient pas de rondes de surveillance. Bref un lieu normal, banal, calme, idéal pour vivre ses quelques rares heures de paix quotidiennes.

Harvey gara sa voiture devant l'immeuble et verrouilla la portière. Il monta jusqu'à son étage et tapota quelques coups discrets à l'appartement numéro 49. La porte s'ouvrit et une jeune femme aux cheveux longs et bruns apparut dans l'encadrement. Deux fines mèches lui tombaient sur le visage, et à travers Harvey put y voir un regard soulagé. Immédiatement, Mlle Laura Osterman se jeta dans ses bras et enfouit sa tête dans son épaule. Harvey caressa doucement ses cheveux et déposa un léger baiser sur le sommet du crâne, là où la naissance de sa chevelure sentait la vanille.

Finalement ils se séparèrent. Elle le dévisagea longuement, hésitant sur ses prochaines paroles. Harvey décida de sauter le pas, pour ne pas passer la nuit sur ce palier, avec probablement la vieille Mme Gardner qui les espionnait:

-Ca va te sembler bizarre, mais j'ai un peu faim.

Laura eut un léger sourire qui disparu aussitôt. Ils rentrèrent. L'appartement était décoré simplement. Sur un mur on voyait quelques articles parlant de l'élection de Dent comme procureur, sur une commode quelques photos du couple; sur un quai, à un repas de famille. Un cocon protecteur de douceur.
Il se débarassa de sa veste et de sa cravate, qu'il fourra en boule dans sa poche. Il avait sué pendant les évènements de la mairie, et nota mentalement de tout mettre au sale. Harvey exécrait le machisme, mais c'était Laura qui s'occupait du linge, lorsqu'elle n'était pas à la bibliothèque. Il alla à la cuisine et se servit un verre de jus d'orange avec un morceau de pain et du chocolat. Il lui fallait du consistant pour combler le creux qui le torturait. Sa compagne s'assit sur le divan, la télé était allumée sur les informations, son éteint.

-Ils ont donné des nouvelles contradictoires toute l'après-midi, soupira-t-elle. Elle détestait autant les médias que son compagnon. Tout ce qu'ils ont, c'est le nom de la victime et un vague portrait robot. Un homme blanc d'une trentaine d'années. C'est tout.
-Gnen fait ils jont pluch que cha, ils jont du chang, un couteau et peut-être un brigjet.
-Un quoi?
-Un (il avala) briquet. Mais peut-être pas le sien, on verra.
-Faudra que tu travailles ta communication, monsieur l'orateur, dit-elle dans un sourire.

Il vint s'asseoir à côté d'elle. Quelques miettes s'accrochaient à sa chemise.

-Devant toi je serais toujours timide et bafouilleur, le temps que je m'habitue à ton aura, plaisanta-t-il avec emphase.

Ils regardèrent les informations, Harvey commentant certains points. Ils ne mangèrent rien au dîner.

Au travail chers compagnons!

Balade avec l'agent Carter

Il avait mis moins de quinze minutes pour gagner son quartier, et s'était arrêté cinq minutes de plus. Enfin il arriva devant la porte de son appartement. Et aussitôt il entendit le verrou derrière lui. Il leva les yeux au ciel.

<<Un problème madame Gardner?

-Un peu oui! Ces jeunes voyous ont encore recommencé avec leur musique de sauvages! Vous devriez leur fiche une trouille bleue à ces monstres!

Harvey se retourna.

-Je vous ai déjà expliqué que je n'avais pas l'autorité d'arrêter qui que ce soit. Je poursuis, je n'arrête pas.

-Alors poursuivez les pour tapage, je sais pas moi! J'ai pas voté pour vous pour que vous fassiez rien!

-Pfff...Bon, je verrai ce que je peux faire, en attendant, évitez de leur jeter des sceaux d'eau depuis votre fenêtre, Certains voisins innocents n'y sont pour rien!

Il tapa à sa porte et entra directement, alors que derrière lui volaient diverses imprécations sur la protection des voyous au détriment des gens honnêtes. Il aperçut Laura assise à la table du séjour, faisant les comptes du ménage. Elle ne leva même pas les yeux.

-Un jour elle aura une attaque à force de vociférer.

-Ce serait idiot de me priver d'une voix pour la prochaine élection.

Il s'approcha d'elle et l'embrassa dans le cou. En se baissant elle entendit un froissement de plastique caractéristique.

-Besoin de te faire pardonner?

-Tu sais bien que non. Je voulais seulement te faire plaisir.

-Je n'ai pas l'intention de te faire un procès pour mon appel, rassure toi. Je suis sûr que tu avais une excellente raison.

-En effet, je conduisais, et avec un policier à côté je ne voulais pas qu'il me fasse une réflexion.

-Un policier?

-Une policière. J'ai ramené l'agent Carter chez elle; c'est elle qui a été prise en otage à la mairie. Elle prend ça plutôt bien.

-Et elle pouvait pas répondre pour toi? Il y eut un long silence. Elle pinça les lèvres. Pile ou face, c'est ça? J'en reviens pas que toi, avec tes responsabilités, tu t'adonnes toujours à ce jeu d'écolier. Vraiment ça me...

Harvey la serra dans ses bras. Elle soupira.

<<Bon, et tu veux savoir pourquoi j'ai appelé? Ma soeur a accouchée. C'est une fille. Eva. C'est fou ce qu'elle lui ressemble. Il y en a qui ont de la chance...

-Hum...c'est bien, elle fera une bonne mère. Son mari apprendra sur le tas je pense, comme tout le monde. Je suppose qu'on va aller les voir? Demain matin, ça ira?

-Demain matin? demanda Laura en se retournant. Harvey l'embrassa sur les lèvres.

-Oui, ce soir nous sommes pris...

Il la serra d'un peu plus près et l'embrassa encore. Il allèrent dans la chambre à coucher, mais encore une fois aucun petit Dent ne pointerait son nez.

Un heureux évènement